Notre devise :
 à nous le Souvenir,
à eux l’immortalité.

« Aux résistants de Fontjun,
le combat et la tragédie
 des 6 et 7 juin 1944 »


Le Comité du Saint-Chinianais

Le combat de Fontjun:


"Il a rougi le traître" : suite au débarquement, l'objectif était de regrouper des résistants en vue de leur versement dans les maquis afin de déclencher la guérilla, l’objectif étant de ralentir la remontée des divisions allemandes.

Le lieu choisi était le hameau de « La Fraise » dépendant de la commune de Ferrières-Poussarou  :

ce lieu , escarpé et difficile d’accès et plus facilement défendable que la plaine.

Bien entendu, par mesure de sécurité,  ce lieu n'est connu que par peu, et donc peu de rescapés de « Fontjun » rejoindrons la Fraise.

Environs 70 volontaires, des « Patriotes » pour la France qui se dressent et des « Terroristes » pour l'ennemi, se sont préparés pour ce départ, prendre le maquis.

Ils viennent de Puisserguier, Capestang, Poilhes, Montady, Maureilhan, Nissan-lez-Enserune, Béziers,  Colombiers....ils sont exaltés, volontaires et prêts à en découdre.


Certaines sources mettront en évidence une joie non dissimulée et peut-être un manque de discrétion.

Tant d'années à attendre et à subir alors qu'au même moment les alliés débarquent en Normandie.


Nous sommes le mardi 6 juin 1944, il est environ 19h00 :

les volontaires de  Colombiers, Nissan et Poilhes rejoignent  à l'aide de deux camionnettes l'usine Saint-Joseph, située route de Capestang à Puisserguier.

De là, ils rejoindront les équipes de Capestang, Montady et Maureilhan, certains le feront à pied.

Deux camions devaient les prendre pour rejoindre la Fraise.

Malheureusement, l'itinéraire prévu depuis plusieurs semaines par les petites routes départementales, à savoir par Capestang, Cruzy, Villespassans, Assignan, Pardailhan, Rieussec et le pont de Poussarou côté nord ne fut pas respecté, et le trajet changé au dernier moment pour au final emprunter la nationale 112 (actuelle départementale D612), plus fréquentée.


Pourquoi  ce changement soudain? diverses hypothèses sont évoquées.

Peut-être que les préparatifs ont pris plus de temps que prévu par manque de véhicules et d’approvisionnement, un retard dans la livraison du pain?


Fallait-il hâter le départ car cette montée au maquis se faisait de façon trop bruyante ?


Fallait-il anticiper suite à la capture d' un sous-officier Allemand qui circulait en voiture sur la route de Capestang à Narbonne? dilemme : le supprimer ou le garder prisonnier, la seconde option fut retenue, sauf qu'il parvint contre toute attente à s'échapper et probablement à faire état d'un départ imminent et en nombre, de résistants pour rejoindre le maquis !


Ou peut-être est-ce plutôt  le fruit d'une décision, ou d'un ordre donné la veille? Cette hypothèse semblerait être privilégiée.

En effet, le 5 juin eu lieu une réunion à Capestang à laquelle assistent Jean Girvès, Jean Viste, Robert Pitman et Danton Cabrol, réunion à laquelle Jean Durand  n'assiste pas ; il est à ce moment à l'écoute des messages déclencheurs de la BBC.


Toujours est-il que les modalités du départ sont donc modifiées, à la stupéfaction de Jean Durand. Les volontaires rejoignent un premier camion à Capestang, puis, étant donné les changements, un second camion les attendra à Puisserguier puisque désormais ils passeront par le nationale.


Toujours est-il que le convoi se met en route vers 22h30, il est formé de deux camions et d'une voiture de tête, modèle Renault à deux portes type Juva 4.


La voiture est pilotée par Jean Durand, avec à ses côtés Henri Béziat, et derrière Robert Durand, son frère âgé de 18 ans, Angel Mallet et Daniel Pidou.


Le premier camion est piloté par Roger Cauquil que son épouse Juliette ne conçoit pas de laisser partir seul, cette décision lui sera fatale.


Le second camion est conduit par Jean Montagne, commerçant à Capestang, avec sur le marche-pied Pierre Durand, secrétaire de mairie de Poilhes et père de Jean et de Robert.


Ce convoi est composé d'environ 70 hommes et une femme (dont moins de la moitié sont armés car les armes sont majoritairement stockées dans des caisses, le ravitaillement pour les futures journées ne semble pas manquer). Il s'engage donc sur la nationale de nuit, feux éteints car ce mardi 6 juin la route est éclairée par la pleine lune, c'est une belle nuit, malheureusement pour la suite.

Le convoi traverse Cébazan vers 23h00 sans problème et entame sa descente vers Saint-Chinian, ils ne savent pas que d'ici peu et pour beaucoup leur vie sera fauchée.


C'est à la hauteur du Col de Fontjun, proche de la stèle actuelle, dans un virage, qu'un car allemand barre la route. Un officier Allemand,  entouré de soldats en position de tir debout, fait signe à la voiture de tête de s’arrêter.

Dans un premier temps, Jean Durand ralentit puis accélère à fond : une roue arrière dans le ravin, il fonce et renverse l'officier, cette manœuvre audacieuse lui permet de passer en force.

Un cri effroyable provenant de la voiture déchire la nuit  « LES BOCHES » .  Les camions s’arrêtent de suite. Au virage suivant  la Juva s’arrêtera afin de faire croire à une prise à revers, les occupants du véhicule montent le ravin et vident les chargeurs de leurs armes en direction des allemands, les munitions sont vite épuisées,  ils tenteront ensuite d'aller chercher du renfort, en vain, mais c'est déjà trop tard. 


Les volontaires sont surpris par cette attaque soudaine.

C'est la stupéfaction, l'affolement. Ils ne sont pas tous armés et s'ils le sont, les musettes de chargeurs ne sont pas obligatoirement près d'eux. De plus ils ne sont pas forcément entraînés et sont face à des soldats aguerris.  


Sur le marche-pied droit du premier camion Danton Cabrol est immédiatement abattu. D'autres sautent du même côté et se font de suite faucher par les balles ennemies.

Grâce à la position oblique des camions et au virage que dessine la route, certains résistants sautent maintenant du côté gauche. Ce répit a été un temps sauveur, mais de courte durée.

Les Allemands comprennent et tirent maintenant tout azimut d'un feu nourri.


Le combat est inégal  : l'effectif du car allemand compte plusieurs dizaines de soldats et un officier, très bien armés et peut-être préparés à stopper ce convoi. Étaient-ils là pour un contrôle ou savaient-ils que le convoi passerait par là? énigme.


Antoine Colombié saute du côté gauche et est blessé sous la poitrine, puis plus tard à la jambe ainsi qu'à l'épaule et à la tête par des balles et des éclats, il passe son arme de poing à Pierre Fau, de Maureilhan qui vide le chargeur à travers les ridelles, ce qui eu pour effet, un temps, de stopper les tirs d'en face. D'autres camarades ripostent.

Certains arrivent à sauter dans le bas côté et réussissent à s'enfuir.


Les Allemands jettent des grenades, mais le courage d'un homme va , un temps, relâcher l'étau : Jean Montagne, blessé au pied, ne s'est pas séparé de sa musette qui contenait des grenades explosives type «  Gammon  » (grenades à main d'origine britannique), il réussit à grimper sur le contre-haut afin d'arroser l'ennemi de ses grenades, le car allemand est incendié, les Allemands sont un moment désorganisés. Les échanges de grenades ont également eu pour effet que les camions se mettent à brûler, et peu à peu à exploser (ils étaient entre autres remplis d'armes et de munitions, ils contenaient sûrement  des documents émanant de la résistance, peut-être des listes de noms, documents compromettant.....le feu aura tout détruit.


Nous imaginons que Jean Montagne, en faisant sauter le car, aura permis à certains de ses camarades de s'enfuir.


Mais la position est intenable face à la disproportion des forces et l'épuisement des munitions.  

Le salut final sera la fuite dans les vignes et le maquis pour les rescapés.


La terrible nuit se poursuit, longue, horrible, par la traque des survivants autour des engins en feu, un résistant est lâchement achevé, d'autres sont traqués jusqu'au jour.


Antoine Colombié qui s'est glissé sous le second camion, prit la décision de se traîner, malgré des blessures multiples dans le bas côté, puis il rejoindra le hameau de Fontjun.


Les camions continuent de brûler et d'exploser éclairant une scène d’apocalypse où des corps sans vies jonchent le sol taché de sang.


Le temps passe, ils ont maintenant emmené des chiens pour traquer les derniers rescapés,

Les Allemands ont réussi à capturer dix-huit « Terroristes », leur calvaire ne fait que commencer.

Côté allemand ils perdront semble-t-il  un soldat et auront une dizaine de blessés.

D'autres sources évoquent 10 ou 20 morts. Le chiffre est invérifiable à ce jour.


Coté maquisards le bilan est lourd  :


5 morts au combats, 18 prisonniers, 5 blessés.

Le reste, environ 42 personnes ont pu se disperser.


Certains rejoindront les maquis de l'Aude, de la montagne noire et de l'Hérault, maquis Latourette..., rappelons que le lieu de ralliement n'était connu que seul des responsables.







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